Here’s to the fools who dream
- garancedelville
- 11 oct. 2024
- 5 min de lecture
Si vous me connaissez un peu, vous savez probablement que mon film préféré est La la land. Ce qui est bien avec ce film, c’est qu’il contient aussi ma chanson préférée, Audition (The Fools Who Dream), interprétée par la fabuleuse Emma Stone. Aujourd’hui j'ai envie d'écrire sur tout ce que cette chanson m’inspire, et plus largement, sur tous nos rêves.
Here’s to the fools who dream. Quelques mots à la traduction frustrante, « À la santé des fous qui rêvent ». Cette chanson, c’est l’histoire d’une femme qui saute dans la Seine alors qu’il neige dehors. C’est l’histoire de tous ceux qui osent. Tous ceux qui ne voient pas d’autre choix que celui de s’échapper. C’est l’histoire des cœurs qui se brisent et des larmes qui coulent. C’est l’histoire de toutes nos peines et toutes nos joies. C’est l’histoire de ce qu’il y a de plus beau dans notre humanité. C’est l’histoire du rêve.
Le rêve, on le voit souvent comme l’ambition, comme une visualisation du futur. Mais le rêve est beaucoup plus grand. Le rêve, c’est quand tout ce qui nous bloque se casse enfin. C’est quand tu sens les cloisons de ton esprit céder et c’est comme si tu avais accès à l’univers tout entier, en restant dans ta tête. Le rêve, c’est une liberté intérieure qui est si grande que tout ce qui est dehors n’a plus d’importance. Le rêve, c’est l’infinité de l’imagination. Le rêve, c’est quand tu t’échappes du réel deux minutes et tu sens quelque chose qui brûle en toi, comme si tu découvrais soudainement une plus grande vérité.
Il y a quelques mois, je suis allée voir une pièce de théâtre qui m’a complètement bouleversée. La Tragédie Comique, un seul en scène fragile et tellement fort à la fois. Je ne sais même pas vous décrire ce que j’ai ressenti. J’ai ri, puis pleuré, puis ri jusqu’à en pleurer et puis j’ai à nouveau pleuré tellement que c’était beau. C’était l’histoire d’un personnage et de son acteur mais c’était surtout l’histoire de notre imagination, de son importance. Je suis ressortie du théâtre pleine d’espoir. Cette pièce m’a rappelée pourquoi j’aime le théâtre et pourquoi c’est beaucoup plus que du divertissement. Le théâtre, c’est du rêve. C’est des petits instants d’éternité uniques, créés par des humains qui décident de consacrer leur vie à nous raconter des histoires.
Hier soir, j’ai ouvert le programme du Théâtre les Tanneurs et lu le mot du directeur artistique. J’ai souri en découvrant que lui aussi évoquait la première fois qu’il a vu La Tragédie Comique. Il écrit : « C’est ce soir-là, dans ce lieu-là, que le virus d’un ailleurs m’a été inoculé. Un ailleurs où se racontent des histoires qui nous emportent, un ailleurs où soudain des fragments du monde surgissent, où des émotions naissent, où l’on entend l’inouï, où un.e autre nous prend par la main pour nous emmener en voyage. En voyage de ce que nous connaissons. En voyage de nos certitudes. En voyage vers d’autres horizons. »
Ce voyage, je l’appelle le rêve. On pourrait l’appeler émerveillement, art, beauté, musique, passion, feu, échappatoire, ouverture, explosion, printemps, émotion. Le voyage du rêve, j’aime le rencontrer au théâtre. Mais en réalité, il se trouve partout. Il se trouve dans les romans, les films, la musique, la poésie, les témoignages ; les histoires, en somme. Il se trouve dans la beauté, celle des tableaux et celle de la nature, celle des visages et celle des pierres, celle des couleurs et celle du vent. Il se trouve à l’intérieur de la poitrine ou dans un coin de l’esprit. Le rêve, il est en nous.
Chacun a sa manière de trouver ses instants de rêves. Certains le voient dans un bel échange de tennis, d’autres dans les feuilles de l’automne. Certains ne le voient pas mais le ressentent profondément, en écoutant une chanson, en pensant à l’être aimé, en sentant une odeur. Certains le vivent quand ils dansent, quand ils rient, quand ils courent, quand ils se laissent aller. Le rêve, c’est tout ce qui nous sort du quotidien, du réel, et de tout ce qui s’explique par les mots.
Je me demande quelle est la place du rêve dans notre société. Faut-il aller le chercher, loin, creuser au fond de notre esprit pour trouver une bribe de couleur ? Est-il juste là, devant nous, à notre portée ? Probablement un peu des deux. Quand on grandit, notre faculté de rêver s’affaiblit souvent. Alors que notre esprit était un endroit où tout était possible, la notion de contrainte a poussé. Ce n’est plus si facile de s’échapper par l’imagination. Le rêve est quelque part en nous, oui, mais parfois il devient difficile à trouver. Alors il y a les autres, les humains qui ont réussi à passer entre les mailles du filet et qui savent encore nous guider vers le rêve. Les artistes. Quand je vais voir une pièce ou un concert, souvent je suis émue en réalisant que je suis dans une salle avec vingt, cinquante ou dix mille personnes qui sont venues au même endroit pour partir en voyage le temps d’une soirée. Nous avons tellement besoin des artistes.
La vie n’est pas un rêve et je ne pense pas qu’elle doit le devenir. Mais parfois la vie est cruelle, injuste, frustrante, incompréhensible. Parfois on se demande ce qu’on fait là, sur une pierre qui tourne dans l’espace. Parfois on se demande si ça a du sens de vivre comme on le fait. Moi, depuis que je crois au pouvoir du rêve, depuis que je le ressens et que je le cultive, je comprends mieux. Je suis peut-être un peu naïve, mais je pense que si on emmenait tous les grands dirigeants de la Terre dans une petite salle de spectacle en Espagne pour écouter du flamenco, tout irait un peu mieux. Si on allait tous au cirque tous les lundis pour voir des acrobates, tout irait un peu mieux. Le rêve n’est pas l’ennemi de la réalité, au contraire. Il nous aide à l’affronter et à la rendre plus belle.
Le rêve, souvent, il nous sauve.
Je pense que j’ai terminé de m’exprimer sur ce sujet que j’adore. N’hésitez pas à me partager votre avis sur cet article qui est parti un peu dans tous les sens. Je me demande s’il aura pu parler à certain.e.s d’entre vous. Si Sérieux chaos vous plaît, vous pouvez vous créer un compte pour recevoir un petit mail quand je publierai des nouveaux articles. Merci d’être là :)))
PS : La Tragédie Comique se joue à Louvain-la-Neuve en décembre, allez la voir !
merci serieux chaos pour cet article ! je me demande ce que Ine de Boskanter dirait elle qui vit loin des gros concerts, grands films, romans, musique, ... je pense qu'on produit trop de divertissement de nos jours et que ca amène beaucoup de personnes à échapper finalement la réalité. Je pense que oui la réalité est difficile en effet, le monde n'est pas à son meilleur jour. La culture peut être utiliser pour sensibiliser et ouvrir à d'autres réalités. Le théatre est un art merveilleux car il connecte l'humain à l'humain sans interface, sans ecran plasma, sans effets spéciaux et pour cela, il faut le conserver. Il est très interessant de voir l'évolution des arts dans l'Histoire pour comprendre…